VIII - Les zones a gouffres. 1 - Données d’ensemble. (voir carte ) Les phénomènes karstiques, gouffres et résurgences font partie des curiosités qui touchent notamment le secteur de la commune de THIN LE MOUTIER et les communes voisines de Signy l'Abbaye, Dommery et Marlemont. Lorsque les calcaires bathoniens sont recouverts par la couche argileuse des marnes calloviennes, on se trouve dans des conditions pour qu'apparaissent des gouffres et pertes. A l'endroit où l'argile atteint une épaisse très faible à nulle, les eaux de ruissellement s'infiltrent ponctuellement dans les calcaires sous jacents. La dissolution du calcaire ainsi favorisée amplifie le développement du phénomène. Les eaux rejoignent le sous sol où elles circulent très rapidement dans un réseau de chenaux dits karstiques de fortes dimensions où les eaux transitent rapidement sans filtration. Les eaux vont ressortir après un trajet de quelques jours à quelques heures en période de crue au droit de résurgences karstiques dites aussi sources vauclusiennes ou puits émissifs. En période de forte pluie, les eaux au niveau des résurgences se chargent rapidement en particules fines limoneuses donnant une teinte marron aux eaux qui disparaît rapidement après la pluie.
Les gouffres les plus marqués sont le Trou Musse Cane près de Mézancelles sur Dommery où se perd le ruisseau de la Plate Pierre et le gouffre du Gaverlot non loin de là séparé par la route menant à Dommery. Ces pertes comme celles existantes de part et d'autre de la route menant à Signy l'Abbaye au niveau de la côte appelée la Rippe (dont le trou Wallerand) sont reliées à la résurgence dite du Gibergeon à l'entrée de Signy l'Abbaye. La perte du ruisseau de Marlemont au lieu les Marzelles, la grotte des Mazurelles au Lieu dit le Bois des Maréchaux près de la ferme des Vallées (450 mètres de puits et galeries ont été explorés jusqu'à 40 mètres de profondeur en 1976 par le spéléo club des Ardennes) ou la perte du ruisseau sous la ferme de la Cense Godel sont reliées à la résurgence dite la Fosse Bleue au lieu dit la Fosse à Vaux, source de la Vaux. Des essais de traçage réalisés en octobre 1993 ont montré que des gouffres, pertes ou dolines situés dans la vallée dite de Librecy entre la Fosse au Mortier et la Vielle Cense ou encore au hameau du Faluel était en lien avec le captage d'eau potable de Thin et la source du Thin. Le temps de parcours du traçeur entre la vallée de Librecy et la source du Thin est extrêmement rapide (3 km en quelques heures). Vers le puits de Thin, la vitesse du traçeur est de plusieurs centaines de mètres par jour. De nouveaux essais en août 1994 ont montré qu'une perte située près du Trou Wallerand à la Rippe est quant à elle en lien avec le Gibergeon. Le traçeur injecté sur la perte du ruisseau de la Plate Pierre n'a été retrouvé nulle part laissant planer un doute sur le circuit des eaux issues de cette perte (vers le Thin ou la Vaux ?).
2 - Gouffres la belle Corre et du ru d’agneau. -Gouffre situé dans le bas du bois de la belle Corre:
(voir carte) Ce gouffre est à 100m du virage du bas de la rippe, en bas du bois , à la limite entre le bois et la pâture exploitée par L.TAILLEUR.
Plusieurs sources prennent naissance dans le haut du bois de la belle core et se rejoignent tout juste avant de disparaitre dans le gouffre.
Lorsque leur débit est trop important (fortes pluies persistantes et fonte des neiges) , le gouffre n’absorbe pas la totalité de l’eau et l’excédent s’échappe dans une sorte de couloir qui serpente et finit dans une cuvette, sorte de gros entonnoir où l’eau excédentaire va s’accumuler, former un mini lac puis s’infiltrer plus ou moins rapidement dans le sol. -Gouffre du ru d’agneau: (voir carte )
Ce gouffre, nettement plus petit, reçoit également les eaux de plusieurs sources qui naissent au milieu des pentes de la pâture exploitée actuellement par JP.PAQUET.
En effet, ici le sol est tellement imperméable, que l’eau séjourne partout en surface et forme par ci par là de petits filets d’eau qui alimentent ces sources de surface qui elles mêmes viennent se déverser dans "l’entonnoir" que constitue le gouffre. Là encore, nous distinguons les 4 niveaux (source/gouffre/couloir de trop plein/cuvette). 3 - Gouffre ou trou de Musse cane. (voir carte )
Bien qu’il soit situé sur le territoire de la commune de Dommery, nous le présentons car il est très particulier et l’on se demande toujours où vont les eaux qui s’y engouffrent.
-Aboutissent t’elles à la résurgence du Gibergeon à Signy l’abbaye?
-Aboutissent t’elles à la résurgence du Thin?
Nous n’avons pas de certitude absolue mais il est fort probable que les eaux aboutissent au Gibergeon.
Ce gouffre se situe à 500m de la ferme de Courcelles, en contrebas de la route menant à Dommery (côté sud).
-S’y engouffrent les eaux du ruisseau de la plate pierre qui lui-même prend naissance entre Launois et Dommery.
-Le ruisseau serpente à ciel ouvert, puis pénètre dans la terre au trou de Musse cane. (voir carte ) -Lorsque le débit du ruisseau augmente, l’excès d’eau emprunte un canal naturel d’une longueur d’environ 500m.
(voir carte)
Très sinueux dans les endroits argilo-limoneux et très rectiligne sur la partie rocheuse, ce canal déverse ses eaux dans une énorme cuvette dite le gouffre de Musse cane.
-Cette cuvette (voir carte) est de grande taille.
Un diamètre d’environ 50m et une profondeur d’environ 7m. C’est un cul de sac dans lequel l’eau s’accumule avant de s’infiltrer. Il arrive même que cette cuvette déborde (cas extrême , dernière fois en 2003 voir les deux photos en NB ci dessous).
4 - Gouffre ou trou du Gaverlot. (voir carte ) Ce gouffre est situé également à proximité de la ferme de courcelles , à environ 500m mais de l’autre côté de la route de Dommery (côté nord).
Les eaux qui s’y engouffrent proviennent du ruisseau qui prend naissance entre Montaubois et Dommery et de sources de surface de la zone de la Briqueterie.
Moins imposant que celui de musse cane, il présente le même schéma à savoir, ruisseau/trou d’engouffrement des eaux/cuvette de débordement.
Les eaux qui pénètrent dans la terre à cet endroit empruntent sans doute la même rivière souterraine que celle du gouffre de musse cane. Certaines personnes nous ont précisé que les eaux de débordement du trou de musse cane, passaient ensuite dans le trou du Gaverlot.
En fait il serait plus probable que celles-ci viennent grossir la rivière souterraine et donc freiner la pénétration des eaux du trou du gaverlot qui donc se remplit puisque situé plus bas.
5 - Gouffres de la Fosse à l’eau . -Gouffre ou trou Migeon. (voir carte )
Ce gouffre est situé à 500m de la bouzardière, en contrebas (côté nord) du chemin qui relie la fosse à l’eau au lieudit "la plate pierre".
Il s’agit d’un gouffre classique situé au milieu d’une pâture. Il reçoit très peu d’eau si ce n’est un petit filet d’eau prenant naissance sur le flanc du gouffre. - Gouffre ou trou de la fosse à vache.
(voir carte )
Il est situé lui aussi en retrait du chemin qui mène à la plate pierre ( côté nord).
Il est dissimulé dans un bosquet très effilé situé derrière la ferme de Mésancelle.
Ce gouffre est particulier dans la mesure où il n’a pas le profil classique décrit précédemment. (pas d’exutoire et pas de cuvette de rétention). En effet, le bosquet effilé est divisé en deux par une sorte de grande tranchée. Au fond de cette tranchée, coule sur chaque versant du bois, une source plus ou moins forte selon les saisons. Les eaux de ces deux sources opposées, affluent vers un énorme trou central dans lequel elles s’engouffrent pour disparaitre dans la terre et réapparaitre ?
-Autres gouffres. D’autres gouffres de moindre importance existent à la fosse à l’eau qui se caractérise par de nombreux effondrements et par un sol imperméable qui est sans doute à l’origine du nom du hameau puisque bien que situé en hauteur , sans vallée ni cours d’eau , il n’en demeure pas moins que l’on trouve de l’eau partout mais seulement en surface.
Rappelons l’existence de la « rigole » qui n’est pas un gouffre mais plutôt une lagune qui reçoit les eaux de pluie et de ruissellements du côté nord du hameau. (voir chapitre crues et inondations)