L'église St Quentin de Thin le Moutier
Nous ignorons la date à laquelle un premier lieu de culte catholique fut construit à Thin. Si, selon le père FULGENCE, les premières églises de campagne furent élevées vers l’an 400; Il est probable que Thin, alors misérable petit village éloigné des routes importantes, dut se contenter longtemps d’un lieu de culte banal pour réunir les néophytes autour d’un missionnaire chargé de diffuser la ¨bonne nouvelle¨.
Selon la tradition orale, ce fut sur les ruines d’une ancienne construction romaine qu’un premier sanctuaire fut édifié. Ce premier lieu de culte ne prenant le nom d’église qu’avec la nomination d’un curé résidant et l’adjonction d’un presbytère.
L’évangélisation de CLOVIS par REMY, amorcée lors de leur rencontre à Thin vers l’an 495, reste ancrée dans la tradition du village (cet épisode est rappelé par l’une des fresques de l’allée centrale).
L’église primitive semble remonter au XIIème siècle. Sa construction ne doit pas être séparée de celle du Prieuré bénédictin qui s’y adossa en 959, mais dont l’achèvement se poursuivi au cours du siècle suivant, en raison, ou grâce à la riche abbaye de Mouzon, héritière de Thin.
Si les ruines de l’église primitive et celles du prieuré, encore visible dans le lieu-dit la ¨capucine¨ ne permettent pas d’en définir les contours exacts, elles permettent cependant d’en mesurer du regard l’élégante ampleur. Pourquoi l’église fut-elle consacrée en 1512 alors que sa construction remontait à une époque antérieure ? Nous ne pouvons que conjecturer sur cette anomalie. (Lourdeur administrative, appartenance à l’abbaye de Mouzon ¨Seigneur du village¨) cette question reste sans réponse.
La destruction du prieuré en 1570, lors des guerres de religions et l’annexion de ses biens au séminaire de Reims en 1684 allaient voir des répercussions sur la vie de la paroisse. Confronté à l’usure du temps et à la nécessité d’un agrandissement, lié à l’augmentation de la population, la communauté, fabrique et commune, ne trouva que des solutions boiteuses qui contribuèrent à défigurer l’aspect extérieur de ce grand vaisseau, que les superstructures, encore visible aujourd’hui nous laissent entrevoir.
De reports en démissions la situation de l’ensemble de l’édifice se dégrada jusqu’au 19ème siècle où la commune devenue propriétaire se résolut à démolir l’ensemble et à le reconstruire. Là encore les événements s’en mêlèrent et de l’église prévue, seul le clocher fut terminé en 1869 par l’architecte COUTY, concepteur de nombreuses églises des Ardennes (Chaumont Porcien, Daigny, les Hauts buttés, Neuvizy, Vivier au Court).
Aujourd’hui l’intérieur de l’église étonne encore par une impression d’inachevé en raison de ses vitraux trompe l’œil, de ses peintures défraîchies et de ses esquisses de tableaux dignes d’un meilleur sort. Le petit opuscule rédigé par l’abbé DEFOURNY, curé de Thin en 1881, relève scrupuleusement les détails de l’ensemble.
De son passé lointain nous ne pouvons plus qu’admirer l’Edicule de Sainte BELANDE, unique témoin rescapé du prieuré, (puisque la représentation naïve de Saint QUENTIN, statue en bois polychrome nous a été volée). C’est une tour Eucharistique, l’expression de l’architecture du 12ème siècle (celle de l’église de Thin a été restaurée au 15ème siècle, avant la consécration au 16ème siècle). Malheureusement, l'église de Thin a été le témoin d'un événement tragique qui a eu lieu en 1945. cette lettre du curé de l’époque vous relate les faits. Récit de l’accident de l’Église paroissiale de Thin le Moutier Le 5 février 1945. En novembre dernier, les habitants de Thin connurent les émotions que tant de citadins vécurent depuis l’an dernier. Il était 11h45 quand un V1 s’arrêta au dessus du village, reprit sa marche en arrière et s’abattit ensuite à 500 mètres du village, dans les champs, fort heureusement. Des carreaux furent brisés, de vieux bâtiments ébranlés, l’église elle-même subit un choc, puisqu’un grand carreau vola en éclats.
Trois mois après, le 3 février, un avion de la RAF, en détresse, tombait en flammes à proximité de la localité. Comme le V1, cet avion chargé provoqua quelques dégâts, mais cette fois plus importants. Des maisons furent lézardées, des vitres cassées. L’église semble avoir le plus souffert. Toutes les vitres des fenêtres du côté sud se brisèrent dans un fracas que beaucoup d’habitants entendirent. La chute de cet avion, aux dires des experts dut souffler une partie des murs de l’église, déjà bien anciens (certains dataient du 11ème ou 12ème siècle). La chute de ce V1 et de cet avion semble avoir été la cause directe de l’accident plus grave du 5 février qui fit deux victimes. Les ardennais se souviennent et se souviendront longtemps encore de ce douloureux accident qui jeta la consternation dans les populations si paisibles de nos campagnes.
Le 4 février, la paroisse célébrait l’Adoration Perpétuelle. Pour donner plus de solennité à cette cérémonie et pour respecter la coutume, j’invitais ce jour-là un Prédicateur spécial. Depuis longtemps je connaissais le Révérend père Desplanques, supérieur de la résidence des Pères Jésuites de Reims. Lui-même m’avait manifesté le désir, il y a 3 ans, de venir passer quelques bonnes heures dans ma nouvelle paroisse. Je le priai donc d’accepter de prêcher le jour de l’Adoration Perpétuelle. Il était heureux, me disait-il dans sa lettre de pouvoir enfin réaliser son désir et le mien. Il arriva le dimanche, souriant et joyeux, selon son habitude. Il prêcha dans une église aux vitres brisées, édifia les paroissiens dans son sermon et sut remonter le cours des cœurs inquiets ignorant encore le sort de leur déportés, travailleurs et prisonniers.
L’après midi il présida les vêpres. Le soir, nous passions ensemble quelques instants vraiment intimes, tout en parlant de l’histoire de Thin et de son église paroissiale, qui l’intéressa beaucoup.
Hélas, ce devait être ses dernières bonnes heures.
Le lendemain matin, il voulut célébrer sa messe à 8h30 après la mienne, il se trouvait un peu fatigué par le voyage, la prédication et une démarche qu’il avait faite à Reims le samedi soir et qui le retint jusqu’à 23h30.
Le père commença donc sa messe à 8h30 assisté d’un servant. Moi-même je me plaçai dans une stalle tout proche du Maître Autel pour y faire mon action de grâce. Seule ma sœur se trouvait dans l’église, les paroissiens ayant assisté et communié à la messe de 8heures. Le Père était arrivé à l’offertoire, au moment du Lavabo, et il revenait au milieu de l’Autel, tandis que son servant s’agenouillait à sa place pour la récitation du ¨suscipiat¨.
Soudain, de ma stalle, je vis ma sœur se lever brusquement et nous crier des mots que je ne compris pas. De sa place, elle apercevait le mur du fond, haut de 12 mètres, contre lequel est adossé le Maître Autel, branler, puis s’incliner vers nous, et finalement s’abattre à l’intérieur de l’église, noue ensevelissant tous les trois, sous un amas de pierres, de moellons, et un nuage de poussière. On devinera aisément l’émotion de ma sœur qui, impuissante d’y remédier, assista à ce terrible spectacle. Tout ceci n’avait duré que l’espace de quelques secondes. Je sus par la suite que ma sœur avait crié : ¨venez vite, sauvez –vous le mur tombe¨. Mais le temps de le dire et nous étions ensevelis.
Je vis très bien le Père tomber sur son côté gauche et la pierre qui le tua. Bientôt le servant et lui disparurent sous les décombres. Moi même je fus recouvert jusqu’à la hauteur des épaules. Seul mon bras gauche restait libre. Grâce à celui ci, je pus enlever quelques pierres qui m’empêchaient de respirer convenablement. Aux appels au ¨secours¨ de ma sœur, tous les paroissiens, sans distinction d’opinions, accoururent. Dix minutes après on me dégageait, contusionné, blessé à la main droite, mais vivant. Quant au père et à son petit servant, ils avaient été tués sur le coup. ¨l’enfant fut retrouvé à genoux, les mains jointes, comme un petit ange en prières. On peut facilement imaginer l’émotion des habitants.
Le père venait occasionnellement à Thin le Moutier chez un ami, y trouve une mort tragique. L’enfant de chœur (Georges ANCELET agé de 11 ans), un modèle entre tous de piété, de jovialité, de serviabilité, meurt à son poste comme ¨un petit soldat¨.
La douleur s’accroît lorsque l’on songe que là bas, bien loin sur une terre étrangère, un prisonnier, son cher papa, ignore le malheur qui l’atteint en ce 5 février 1945. Et la maman, dont on se représente la peine, sut courageusement surmonter cette triste épreuve. Elle avait fait de son fils unique un enfant poli, gentil, pour tout dire un modèle d’enfant. Estimé des siens et de son entourage, il l’était plus particulièrement de ses petits amis, les autres enfants de chœurs, dont il fut l’exemple le plus parfait.
Vous tous, qui lirez ce récit, pensez à eux, priez pour eux, pour que le Dieu tout puissant leur ait accordé la compensation de leur sacrifice.
Personnellement, lorsque je revois le lieu de l’accident, je me demande comment j’ai pu échapper à une mort qui, humainement parlant, semblait certaine. Je songe à la parole de l’évangile ¨mon heure n’était pas venue.¨ Thin le Moutier Avril 1945 Abbé Paul Vrancx.
Édicule de Ste BELANDE
Les religieux du prieuré avaient accès à l’église par de petites portes basses aujourd’hui bouchées.
Le prieuré avait été fondé en l’an 959. il possédait sa propre chapelle, datant du 13ème siècle et qui s’adossait à l’église paroissiale.
Le prieuré placé sous le vocable de Ste BELANDE, fut détruit en 1570, par les armées protestantes lors des guerres de religions.
A signaler dans l’église : statue de Saint-Quentin du 16ème/17ème siècle, ainsi que le célèbre ¨édicule de Sainte-BELANDE¨, portant le millésime 1540
et mesurant plus de 5 mètres de hauteur.
Il s’agit d'un pentagone de 6 étages que l’on pourrait comparer à une tour de cathédrale en réduction. Le style ogival s’y retrouve partout.
D’après la tradition, ce magnifique chef d’œuvre proviendrait de l’ancien prieuré et aurait été édifié en l’honneur de Sainte-BELANDE. Qui était-elle? Fille du Comte ODELARD, du temps de DAGOBERT PREMIER (début du 7ème siècle), elle fut chassée par son père, qu’elle avait pourtant soigné de la lèpre avec beaucoup de dévotion et d’amour filial. Elle fut recueillie par les religieux du couvent de Morbecque, dans le Brabant, où elle décéda.
Après son décès, de nombreux miracles furent constatés. Ses reliques furent transférées 70 ans après sa mort à Thin le Moutier, par le chanoine de l’église de Saint Etienne de Toul, obéissant à une inspiration divine. L’église de Thin le Moutier a fait l’objet, en l’an 2000, d’un nettoyage de ses pierres, ce qui lui a permis de lui redonner toute la magnificence dont, à juste titre, elle doit bénéficier.
Cimetière de Thin Le moutier
Le plan sera revu par la suite pour :
-D’une part distinguer par, une couleur différente, les concessions attribuées à ce jour
à des personnes toujours en vie.
-D’autre part établir la liste des personnes inhumées sous une même concession, sachant
que sur le plan ne figurent pas toujours tous les
noms des défunts « rattachés » à cette même
concession. Il y a 12 cases dans le columbarium, pouvant contenir au minimum 3 urnes funéraires, ou plus, suivant la taille de l'urne. (Voir les prix des concessions dans le règlement du cimetière)
Les Oratoires
Les sanctuaires de Notre Dame de Froidmont et de Notre Dame du Hailly, réunissent deux des éléments propices à la recherche du surnaturel et de la méditation : l’arbre, force tranquille poussant vers le ciel mystérieux et la colline dont la montée inspire un sentiment de détachement des contraintes de la vallée, sentiment renforcé ici par le silence de la forêt.
A l’origine, la statue du saint ou de la sainte vénérés, était simplement posée ou fixée sur un arbre. Lorsque l’arbre disparaissait, la statue était transférée sur un arbre voisin ou posée sur une pierre volumineuse au pied d’une croix élevée à cette occasion.
Nos deux sanctuaires sont le résultat de cette évolution.
Oratoire de Froidmont
Situé sur les hauteurs de la forêt de Froidmont , à 1km de la route "Thin/Neuville"
en partant du gros frêne RD16.
Aucune certitude sur la date de transition de l’arbre à l’actuelle stèle.
(17 ou 18ème siècle ???)
Oratoire du Hailly
Situé sur les hauteurs de la forêt du hailly, en bordure de la route "Thin/lépron" RD20.
Ce site est resté le plus longtemps fidèle à la tradition de l’arbre puisque c’est seulement en 1951 que la statue a été placée dans une stèle.
Chaque année, des fidèles du village vont se recueillir devant la vierge de Froidmont le premier dimanche de mai et devant la vierge du Hailly le premier dimanche d’octobre.